Je suis envieuse. C’est poche, hen? Mais c’est vrai.

Quand j’vois des gens qui possèdent des qualités que j’ai pas, ça me frustre. Pis, un peu plus tard, ça me fait douter de ma valeur en tant qu’humaine.

Par exemple, je deviens verte de jalousie devant ceux qui aiment ça ~ pour de vrai ~ faire du jogging. Ceux qui tombent en amour avec les bonnes personnes. Ceux qui ont des parfaites beachwaves parce que leurs cheveux «sÈchEnt cOmMe ÇaAaaaa». Ceux qui obtiennent des jobs qui me feraient mourir de stress. Ceux qui ont des chiens. Ceux qui ont des BÉBÉS chiens. Ceux qui ont un partner de dimanche soir avec qui regarder des films qui font peur. Ceux qui ont pas peur des films qui font peur. Ceux qui mangent ce qu’ils veulent sans jamais se sentir coupables une miette. Ceux qui amassent des REER depuis longtemps. Ceux qui sont jamais anxieux, for a reason. Ceux qui sont capables de go  with the flow. Ceux qui se lèvent tôt parce que ÇA LEUR TENTE. Ceux qui cuisinent bien. Ceux qui s’achètent des maisons. Ceux qui ont une belle p’tite famille nucléaire parfaite.  Ceux qui font leurs propres craquelins maison. Ceux qui créent. Ceux qui savent jouer d’un instrument de musique. Ceux qui connaissent tous les films, tous les auteurs, tous les musiciens. Ceux qui ont une vision 20/20. Ceux qui sont pas obligés d’être soûls pour danser devant des gens. Ceux qui ont encore l’attention span pour lire un roman d’une traite.

Etc.

Toute ma vie, j’ai essayé bin, bin fort de changer. D’aimer le jogging, de me lever tôt, d’essayer de pas classer mes affaires par ordre alphabétique ni de mettre sur pied un plan quinquennal pour chacune des sphères de mon existence. De chiller out. D’économiser. De pas overthinker. De cuisiner plus, lire plus, bouger plus, manger mieux, boire moins. J’suis genre l’incarnation même des résolutions du Nouvel An. C’est devenu un running gag, au fil des années. Mes amies me gossent. «Ah ouais, t’as décidé de devenir végane? J’te gage 100$ que ça dure trois jours.» Usually, they’re right. J’abandonne. J’me sens mal.

Je suis pas assez.

En recommençant à zéro dans une nouvelle ville, une nouvelle vie, je me suis dit que c’était le temps où jamais de devenir la personne que j’ai toujours voulu être. La jeune adulte disciplinée, qui se lève tôt, qui s’entraine, qui travaille fort et avec entrain. Une véritable social butterfly, qui mange et boit bien - mais pas trop! – qui s’imprègne de la culture de sa terre d’accueil à grands coups de musées, de films classiques et de romans en langue étrangère. Qui apprend l’italien avec facilité et allégresse. Qui sait ce qu’elle vaut, qui s’entoure exclusivement de personnes qui l’élèvent. La cool girl easy going, qui s’en fait pas trop avec la vie, et qui profite sans trop penser à demain de la dolce vita.

Vous m’voyez v’nir: tout ça, c’est pas moi.

C’était pas moi au Canada. C’est pas moi en Italie.

 

Ce sera jamais moi.

 

Pis si un move à l’autre bout du monde est pas un assez gros coup de pied au cul pour me faire changer, je sais pas ce qui le sera.

Ça veut peut-être dire qu’à 27 ans, il est temps que j’m’accepte… comme j’suis?

Folle idée.

Et si je prenais tout le temps que je passe à me beat up d’être pas assez ci, pis trop ça, pis que je l’utilisais à juste essayer d’être plus douce et bienveillante avec les parties de moi que j’aime moins?

À me dire que oui, je suis paresseuse, mais que ça me fait travailler plus efficacement.

À me dire que oui, j’overthink, mais que c’est aussi ce qui boost ma créativité.  

À me dire que oui, je suis émotive et anxieuse, mais que ça me rend attachante.

À me dire que oui, je suis dépensière, mais que maudit que j’profite de la vie.

À me dire que oui, je suis stressée et gossante et germaine, mais que ça fait de moi une bonne leader.

J’suis tannée de m’haïr pour des affaires qui feront partie de moi probablement toute ma vie. Pis j’le sais que j’pas toute seule dans mon bateau.

On parle beaucoup d’acceptation de soi en termes de body positivity. Pis c’est tant mieux. Mais me semble qu’on devrait travailler aussi fort à accepter – eille, voire à apprécier - ce qu’il y a en dedans de notre enveloppe corporelle. Non?

Pis pas juste ce qui fonctionne, ce qui nous plaît. Pas juste notre gut, notre intelligence, notre sens de l’humour. Nenon. TOUTE.

Au complet.

Tout en continuant, évidemment, de se développer en tant que personne. C’est important de vouloir s’améliorer, tsé.

Mais essayer sans cesse d’être quelqu’un qu’on est pas, c’est tannant.

C’est épuisant.

Pis on mérite mieux.

 

En 2019, on se prend as is. OK?  

 

 

 

 

 

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