Coche oui, coche non
Se faire des amis à l’âge adulte, c’est pas toujours évident.
On a nos amis d’enfance, avec qui on a grandi. Nos amis de l’université, avec lesquels on a passé au travers de partys endiablés et de fins de session exténuantes. Nos amis du boulot, qu’on a rencontré au gré des changements de poste, des 5 à 7 et des moments de bitchage au sujet du boss.
Parmi eux, y’en a qu’on perd dans la brume sans raison. D’autres de qui on décide de se détacher, parce qu’on se rend compte qu’on ne partage pas les mêmes valeurs (ils ont voté pour la CAQ, par exemple, ou sont climatosceptiques). Et certains qu’on doit laisser tomber à cause d’une rupture, d’une nouvelle job ou d’un déménagement.
Pis ça se peut, pour toutes ces raisons, qu’on se sente tout seul, des fois.
Dans ma jeune vie, ça m’est arrivé à deux reprises d’être vraiment lonely, d’être la fille qui a pas (ou presque pas) d’amis. C’est dur à admettre, même si c’est du passé.
La première fois, c’est quand je suis déménagée toute seule à Québec pour l’université. Le mois de septembre a pas été la période la plus festive de mon existence, disons-le comme ça.
La deuxième fois, je venais de me séparer d’un gars hyper-possessif avec qui je partageais tout mon cercle social. La débarque a été tough quand je suis arrivée alone et heart broken dans mon petit trois et demi de Rosemont.
J’ai la chance d’avoir des amies de toujours que je considère comme mes sœurs, et qui ont été là à chacune des étapes de ma vie d’adolescente et de jeune adulte - shout out à mes amours Vanessa pis Audrey! - mais reste que, malgré leur présence, j’ai vraiment senti, dans ces deux situations, que mon réseau était beaucoup trop restreint. Pis, farouche et timide comme j’étais, je savais pas par où commencer pour me faire des nouvelles amies – au féminin, parce que j’suis la pire personne pour avoir des chums de gars. J’dois les gosser avec mon speach féministe incessant , eh.
J’ai appris qu’une vie sociale plate, même pour une introvertie comme moi, ça te pousse à sortir de ta zone de confort. Pis que pour se faire des amies, y’a un seul et unique moyen…
Faut demander!
Simple de même, mais plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens.
Au fil des années, j’ai remarqué un pattern: chaque fois que j’invite une nouvelle personne dans ma vie, parce qu’on partage des intérêts ou des valeurs, ou parce que je la trouve cool, tout simplement, ça donne toujours lieu à de beaux moments. Et, dans certains cas, à des amitiés extraordinaires.
«Je sais qu’on se connaît pas beaucoup, mais je pense qu’on s’entendrait bien. Est-ce que ça te tente d’aller prendre un verre jeudi? Ce serait l’fun!»
«Eille, moi pis mes amies on s’en va bruncher. Tu te joins à nous?»
«Y’a cette expo qui, je crois, t’intéresserait. As-tu envie d’y aller avec moi?»
C’est difficile, les premières fois. On a l’impression qu’on va se faire dire non, qu’on va nous trouver niaiseuses pis needy.
Mais, guess what? Se faire dire qu’on est cool et intéressante par quelqu’un (sauf par un tata qui veut get in our pants en se glissant dans nos DMs)… c’est l’fun! Tout le monde aime ça! C’est positif AF! Promis, promis, ça m’est même arrivé une couple de fois, so I can tell.
Ça se peut que l’amie potentielle, pour une raison X, ait pas le temps ou l’envie d’aller prendre un café avec une inconnue. Pis c’est bin correct. Mais, j’ai l’impression que dans la majorité des cas, ça mène à de superbes rencontres ou, sinon, à des conversations intéressantes.
On passe notre temps à swiper des faces pour aller boire des verres avec des gars semi-intéressants qui nous parlent de leur passion pour les bières de microbrasserie à l’Isle de garde. Me semble que ce serait du temps bien investi si on prenait 50% des efforts qu’on met là-dedans pour étoffer notre cercle d’amies, en choisissant d’inviter des girls qui nous intriguent et nous inspirent à découvrir le nouveau café du quartier. Non? Surtout qu’on a aujourd’hui l’aide des médias sociaux, qui sont des outils incroyables quand on recherche de gens qui nous ressemblent.
Faque, on normalise tu les friend dates?
Me semble qu’on aurait du fun.
Et c’est pour ça que, même à l’autre bout du monde, dans un pays où je ne connais personne et dont je ne maitrise pas la langue, je ne me sens pas toute seule : je sais maintenant m’entourer. Je sais par où commencer.
Ça fait deux semaines que je suis arrivée en Italie, et j’ai eu des brunchs, des lunchs, des soupers, des apéros avec des filles que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, mais avec qui je me suis découvert de nombreux points en commun, notamment… l’envie de se faire des amies. Bin oui toé chose, semblerait que le désir d’appartenir à un groupe, de se faire aimer, c’est universel.
¯\_(ツ)_/¯
J’ai appris que les amitiés entre filles, le fameux #girlssupportinggirls, c’est ce qui me fait du bien. Et que, pour arriver à me créer un réseau d’amies l’fun, y’a pas trente-six façons de faire. Faut juste que je prenne mon courage à deux mains, pis que je leur passe un petit papier métaphorique sur lequel j’ai écrit : «Veux-tu être mon amie? Coche oui, coche non.»
Parce qu’en demandant, simplement, j’ai fait entrer dans ma vie une panoplie de belles personnes, in and out. Des femmes qui, je sais, feront partie de ma vie durant longtemps.
Pis ce qui aurait été vraiment niaiseux, ça aurait été de passer à côté de ce bonheur… par peur d’avoir l’air niaiseuse.
Coffee date, anyone?